L’exposition, le propos, la scénographie
Bernard Garnier de Labareyre vous invite à venir découvrir « APRÈS LE FEU », une exposition personnelle de Véronique Durruty placée sous le signe de la mutation de son travail de photographe et s’articule chronologiquement autour du point charnière d’un événement catastrophique survenu il y a deux ans
« En 2016, mon atelier a été la proie d’un terrible incendie qui a détruit toute une partie de mes archives. Parmi les milliers de photographies calcinées, j’en ai retrouvé quelques unes, où le feu m’avait fait le cadeau d’une poésie nouvelle. Avant, pendant et après le feu, l’exposition est un parcours, du voyage des sens au voyage intérieur, d’une figuration onirique à une abstraction poétique. »
L’exposition s’organise et se distribue sur les trois étages de Villa Violet. Au sous-sol, nous sommes « Avant le feu », au rez-de-chaussée sont exposés des tirages qui portent la marque du feu et à l’étage, sont présentées les nouvelles créations plus abstraites : « Après le feu ».
Il n’y a point de littérature qui convienne pour présenter le travail de Véronique tant il s’offre de lui-même comme une aventure où l’artiste nous invite à réfléchir sur nous mêmes et à vivre ses photos, intimement. La citer souvent et encore est la façon la plus honnête de rendre justice à son travail et d’accompagner les visiteurs… Ainsi en témoigne le portrait qui suit avec de larges extraits d’une interview.
L’artiste par elle-même
En paraphrasant la question introductive de la lettre « Cher Monsieur écrite par l’artiste à un homme croisé en Inde – extraite du livre Mondes Indiens et qui est exposée à l’entrée — j’ai demandé à l’artiste :
« Chère Véronique, tu es si légère, tu dois voyager beaucoup, tu devrais pouvoir me donner des nouvelles du monde tout entier ? ».
Et elle m’a répondu : « C’est vrai que c’est très touchant et je n’ai jamais pensé à parler de mon travail en terme de légèreté et je trouve que c’est très juste. C’est vrai que je n’essaye pas de donner des coups de poing aux gens. Il y a beaucoup d’artistes qui essayent d’avoir un travail coup de poing et moi, je n’essaye pas du tout d’avoir un travail coup de poing. J’essaye d’apporter des petites touches, voilà, des petites touches qui peuvent, … et dont j’espère qu’elles peuvent bouger les choses d’une façon positive. Qu’elle peuvent amener les gens, surtout à s’interroger, parfois juste à sourire, de façon à faire bouger, à faire quelque chose de positif ».
Véronique est une photographe qui se présente comme artiste car son médium n’est pas seulement la photo. Elle déborde volontiers du cadre imposé en ayant recours à d’autres techniques, comme le dessin qui a toujours existé en parallèle à sa pratique de la photographie. Tous les sens sont convoqués. Devant ses photographies, souvent très simples qu’on aimerait souvent avoir prises tant elles apparaissent comme évidentes on ressent la douceur d’un regard et l’amour du monde. Elles sont empreintes de ce que je qualifie de « sensualité humaniste ».
Aller dans le monde c’est travailler, le monde tout entier est son atelier. À Paris, elle dit « Je suis dans mon cerveau rationnel », plus largement, en France elle réfléchit aux projets en gestation et travaille sur les projets qui existent. C’est là qu’elle construit. Dans le voyage elle cherche « la possibilité de sortir de son cerveau rationnel ». Pour que ces prises de vue viennent à moi, j’ai besoin d’avoir un cerveau complètement différent, j’ai besoin de faire complètement l’éponge pour que ces images s’imposent, justement. Que les icônes apparaissent, les rêves de la nuit qui m’apparaissent — en référence à la série « L’heure des loups ».
Pour que la photo soit parfaite au moment du déclenchement : « jamais de filtre, jamais de pied, jamais de lumière additionnelle. Généralement je ne travaille qu’en argentique avec des sensibilité basses pour avoir une certaine finesse dans la façon dont les couleurs sont imprimées sur la pellicule. Jamais de recadrage ; ça c’est important. Et jamais de post-traitement. » Tout se passe au moment de la prise de vue.
Si Véronique se choisissait un autre nom : elle s’appellerait Bénarès.
Bernard Garnier de Labareyre